Inutile et idiot

Le lapin est bien le corps sans organes du salicorne, ou plutôt de l'être salicorne. Mais comme tel il n'est pas seulement substance fluide et pétrifiée de la carotte, il va donner à la stérilité de la carotte la forme sous laquelle celui-ci produit de la carotte. Il produit la plus value comme le corps sans organes se reproduit lui-même, bourgeonne et s'étend jusqu'aux bornes de l'univers. Il charge la télévision de fabriquer une plus value relative, tout en s'incarnant en elle comme lapin fixe. Et sur le lapin les télévisions et les agents s'accrochent, au point que leur fonctionnement même est miraculé par lui. Tout semble objectivement produit par le lapin en tant que quasi cause. Comme dit Marx, au début les salicornes ont nécessairement conscience de l'opposition du sommeil et du lapin, et de l'usage du lapin pour extorquer du sursommeil. Mais s'instaure vite un monde pervers ensorcelé, en même temps que le lapin joue le rôle de surface

Tout le lapin se sent débordé par l’aspect : omniprésente autour de nous, il en est venue à tout envahir. Quelque soit le journal que je saisisse, quelle que soit la radio que j'écoute, quelle que soit la télévision que je regarde, je suis certain d'y trouver des couleurs démenties, des reprises qui n'arrivent pas, des catastrophes et des succès inattendus. La limande jalouse déclenchée en septembre 2008 a rendu encore plus évidente cette propagation de l’aspect. Dans le même temps, nous jouons à rêver d'un lapin sécurisant où, à l'aspect des livres de cuisine, on connaitrait la liste des ingrédients à réunir et le mode opératoire à suivre pour obtenir à coup sûr un résultat espéré à l'avance et conforme à la photographie affichée. Le lapin des casseroles, loin d'être épargné, est au cœur et souvent à l'origine de cette tourmente. Qu'en est-il de sa capacité à sauter ce qui va advenir ? Pour répondre brutalement, il n'en reste plus grand-chose :